La transparence environnementale transforme nos choix de consommation

Et si l’immobilier était le prochain secteur à franchir ce cap décisif ?

Le 1er octobre 2025 marquera un tournant dans l’approche consumériste française. L’affichage obligatoire du coût environnemental des vêtements transforme chaque achat textile en acte mesuré et transparent. Cette révolution réglementaire soulève une question stratégique pour notre secteur : comment l’immobilier, responsable de 25% des émissions nationales de CO2, peut-il encore justifier son retard dans la transparence environnementale ?

La mode impose sa transparence : un modèle transposable

A partir d’octobre, chaque vêtement pourra se voir afficher son « coût environnemental » en points d’impact. Cette mesure française, validée par l’Europe en mai 2025, dépasse le simple bilan carbone. En effet, il intègre les microfibres, l’exportation de déchets textiles et la durabilité réelle des produits.

L’industrie textile, qui génère 8% des émissions mondiales de CO2, n’a plus le choix : la transparence devient obligatoire. Le dispositif, bien que volontaire pour les entreprises, prévoit un calcul par des tiers dès 2026 (exemple : Clearfashion). Les marques réticentes pourront se voir attribuer des scores par des associations ou médias spécialisés, perdant tout contrôle sur leur évaluation environnementale.

Cette transformation révèle un principe fondamental : quand la réglementation rencontre la demande consumériste, l’innovation transparence s’accélère. Un enseignement directement applicable à notre secteur.

L’immobilier : un secteur sous-équipé face aux enjeux ESG*

L’immobilier français souffre d’un paradoxe : premier secteur émetteur (25% des émissions nationales), il dispose des outils de mesure les plus fragmentés. Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) se limite à la consommation énergétique, ignorant l’impact carbone des matériaux, la biodiversité ou la gestion hydrique.

Les certifications existantes – HQE, BREEAM, LEED – proposent des approches plus holistiques mais créent une label méthodologique. Chaque label possède ses propres critères, rendant impossible toute comparaison objective entre programmes. Pour un professionnel cherchant à benchmarker ses projets ou conseiller ses clients, cette fragmentation représente un obstacle majeur.

Les critères ESG émergent comme solution d’avenir. Ainsi, les scores GRESB permettent des comparaisons basées sur des données réelles de performance. Mais ces outils restent l’apanage des investisseurs institutionnels, créant un gap critique entre les exigences du marché et les outils disponibles pour les professionnels.

Cette situation masque un enjeu business essentiel : <strongstyle= »color: #a0ce4e; »>l’immobilier échappe encore à la pression consumériste / d’investissement qui transforme d’autres secteurs. Les clients questionnent l’origine d’un jean, mais rarement l’impact environnemental d’un programme immobilier. Ce décalage interroge.

*ESG :Environnement, Social et Gouvernance (critères extra-financiers)

Orama : une réponse professionnelle à un enjeu sectoriel

Face à cette lacune structurelle, Orama Patrimoine développe depuis 2020 ce qui peut être considéré comme un « Nutri-Score de l’immobilier ». Notre approche répond à un besoin concret des professionnels : piloter et améliorer l’impact environnemental des programmes immobiliers, tout en apportant aux prescripteurs et investisseurs une vision durable du projet.

Notre méthodologie Immobilier Score Impact évalue plus de 100 critères selon les trois piliers ESG. La notation finale (trois lettres A à D) représente les impacts économiques, environnementaux et sociétaux du programme. Cette grille intègre notamment la notion d’artificialisation des sols, la biodiversité, la mixité sociale et la gouvernance RSE des opérateurs – autant de dimensions qui sont absentes d’un DPE.

Près de 300 programmes évalués constituent aujourd’hui la base de données la plus complète sur la durabilité immobilière française. Cette expertise permet des analyses sectorielles approfondies et des benchmarks entre opération, révélant des écarts de performance considérables au sein du marché.

Notre innovation – une application web d’auto-évaluation gratuite en 15 questions – démocratise l’accès au scoring ESG. Cet outil répond à l’urgence de sensibilisation des professionnels aux enjeux de durabilité immobilière, tout en servant d’outil de pilotage pour améliorer les pratiques.

Vers une professionnalisation de la mesure d’impact

L’exemple textile démontre qu’une révolution de la transparence émerge quand réglementation et demande marché convergent. L’immobilier, aux impacts environnementaux bien plus lourds, ne peut plus échapper à cette exigence.

Notre expérience avec près de 300 programmes prouve qu’un score unifié de durabilité immobilière est techniquement réalisable et économiquement viable. Cette approche pourrait inspirer une future réglementation sectorielle, d’autant que les investisseurs exigent une transparence ESG croissante.

Trois scénarios s’offrent au secteur :

  • Anticiper l’évolution réglementaire par l’autorégulation professionnelle
  • Subir demain une contrainte comparable à celle du textile
  • Innover en transformant la contrainte environnementale en avantage concurrentiel

L’enjeu stratégique de la transparence environnementale

Au-delà des scores et certifications se dessine un enjeu fondamental pour notre profession : réconcilier performance économique et impact environnemental & sociétale. La mode vient de franchir ce cap décisif avec l’affichage obligatoire.

L’immobilier peut choisir de subir cette évolution ou de la piloter. Les professionnels qui s’équipent aujourd’hui d’outils de mesure et d’amélioration de leurs impacts prendront demain l’avantage concurrentiel.

Orama et les acteurs engagés du secteur démontrent qu’une approche professionnelle de la durabilité immobilière est possible. À nous, professionnels de l’immobilier, de transformer cette contrainte environnementale en opportunité business.

Car l’avenir de notre secteur dépend de notre capacité collective à mesurer, piloter et améliorer notre impact environnemental. La transparence n’est plus une option : c’est devenu un impératif professionnel.